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Au pays de l’argan

Valoriser les femmes au moyen du commerce équitable au Maroc

En 2014, nous avons voyagé au Maroc afin de découvrir comment notre partenariat avec le producteur d'huile d'argan équitable Argane Aouzac aide à soutenir le développement de la communauté et les femme de Tazghlilte.

Employée par les femmes amazighes depuis des siècles, l’huile est remplie de vitamine E et d’acide oléique, ce qui fait d’elle un ingrédient prisé pour revitaliser la peau et les cheveux. Importée exclusivement du Maroc, l’huile d’argan est de plus en plus utilisée dans les cosmétiques depuis une dizaine d’années. Aujourd’hui, l’industrie fait vivre environ 2,2 millions d’individus habitant en régions rurales, et le gouvernement marocain planifie tripler la production annuelle d’ici 2020.

Comme la demande augmente, il est important de créer des liens directs avec les producteurs. En principe, le commerce direct consiste à créer des partenariats respectueux et transparents qui contribuent au bien-être social, environnemental et économique des groupes de producteurs. En pratique, il consiste à aller au-delà des relations d’affaires traditionnelles et à tisser des liens privilégiés avec des individus comme le fondateur d’Argan Azouac, Alban Colon de Franciosi.

Son histoire d’amour avec Tazghlilte remonte à une dizaine d’années. Il visitait un ami dans la région lorsqu’il remarqua la présence d’arganiers et eu l’idée de s’associer avec le village en offrant des emplois équitables et durables aux femmes. Il quitta la France avec son fils Jean et ensemble, ils devinrent le premier producteur d’huile d’argan de la région à obtenir la certification équitable et biologique.

Seuls les fruits tombés des arbres sont recueillis

Seuls les fruits tombés des arbres sont recueillis

L'arbre qui donne au suivant

Arbre indigène du Maroc, l’arganier est un élément stabilisateur important de l’écosystème aride du pays. Les forêts d’arganier couvrent plus de 8000 kilomètres carrés du Maroc et sont tellement inestimables qu’elles ont été classées par l’UNESCO comme réserve de la biosphère. D’immenses feuilles voûtées protègent les fruits de l’arganier jusqu’à ce qu’ils mûrissent et tombent sur le sol poussiéreux en juillet.

Argane Aouzac collabore avec plus de 350 femmes venant de trois villages différents pour recueillir les fruits tombés naturellement (une récolte complète entraverait la régénération et menacerait la santé des arbres). Les femmes font sécher la chair, puis en retirent le noyau qu’elles cassent à la main pour en extraire les graines. Elles sont ensuite moulues en une pâte et pressées à froid pour en extraire une huile riche utilisée en cuisine et dans l’industrie des cosmétiques.

La récolte des graines d’arganier est une compétence qui se transmet de génération en génération. Les femmes de la communauté se rassemblent pour converser tout en ouvrant les noyaux avec une précision chirurgicale. Elles opèrent d’une façon fluide conférant une impression de facilité au processus, alors qu’en vérité, une quantité précise de pression doit être appliquée, au risque de broyer la graine et de la rendre inutilisable.

Des femmes marocaines cassent des noix d'argan

Des femmes marocaines cassent des noix d'argan

Des effets directs

Chaque semaine, les femmes rendent visite à Alban pour lui livrer les graines. Elles reçoivent un salaire équitable pour leur récolte qui leur est remis en main propre au lieu de passer par leur mari. Il s’agit d’une façon de faire exceptionnelle, puisque la société amazighe est traditionnellement patriarcale. Toutefois, des pénuries de nourriture ont forcé les hommes à trouver du travail à l’extérieur de leur village. Par conséquent, les enfants et les femmes représentent 80 % de la population et celles-ci doivent donc s’occuper de la gestion du village.

Alban nous fait visiter le village en nous soulignant les améliorations rendues possibles grâce à l’argent engendré par la production d’huile d’argan. Les résultats parlent d’eux-mêmes : les villageois ont maintenant accès à l’eau potable, à l’électricité et à un système de collecte des ordures. Chaque famille possède son bétail. À l’intérieur du nouveau centre d’artisanat local, des adolescentes apprennent des compétences comme le tissage, la broderie et la filature. Surtout, les femmes de la communauté ont atteint un certain niveau d’autonomie et d’influence depuis qu’elles contribuent à subvenir aux besoins de leur famille.

Lors de notre dernière journée à Tazghlilte, nous regardons le soleil disparaître derrière les montagnes et le ciel s’embraser. Le village, qui pendant la journée grouille d’activité, se calme alors que les commerçants ferment leurs portes et que les enfants retournent à la maison. L’ombre des arganiers se dissipe lentement et on peut entendre flotter dans l’air les prières de la mosquée du village, rythmiques et fascinantes.

En collaborant avec des producteurs comme Argane Aouzac, nous pouvons observer par nous-mêmes la cueillette et la production de nos ingrédients, créer des liens sincères avec nos producteurs et constater les conséquences environnementales, sociales et économiques de nos achats. Il est de notre responsabilité d’utiliser de l’huile d’argan provenant d’un commerce durable et transparent pour produire des cosmétiques qui font autant de bien à votre corps qu’à votre conscience.