Imaginez : vous êtes à la plage, en train de humer l’air salin et d’écouter le clapotement des vagues sous la chaleur d’un soleil rayonnant.
Vous avancez en vous attendant à sentir le sable chaud entre vos orteils, mais, à la place, vous sentez le craquement d’un déchet en plastique. Vous regardez autour de vous et constatez que le sable a été remplacé par des piles de plastique à perte de vue. Ce scénario n’est malheureusement pas fictif : à l’échelle mondiale, pour chaque pied de littoral, il existe l’équivalent de cinq sacs de déchets plastiques.
Malheureusement, une telle scène ne nous surprend plus. Le public est plus que jamais sensibilisé à la pollution plastique grâce à des campagnes sur les médias sociaux et à des mouvements de contestation populaires. Les gens prennent des mesures pour être plus écoresponsables, mais, aussi louables qu’ils soient, les gestes individuels ne sont peut-être pas assez pour régler le problème.
Le problème du plastique
Puisqu’il ne se désintègre jamais, le plastique est un matériau idéal pour les objets ou les projets qui sont faits pour durer. Par contre, sa durabilité devient problématique lorsqu’on l’utilise pour fabriquer des articles jetables. Depuis des décennies, nous utilisons du plastique, un matériau conçu pour durer éternellement, pour des produits qui sont utilisés une seule fois, puis jetés. Par conséquent, la majorité des déchets plastiques proviennent d’emballage alimentaire à usage unique, comme les contenants en styromousse, les pailles, les ustensiles, les papiers de bonbons et les sacs de croustilles.
Les emballages alimentaires et de soins personnels sont la plus grande source de pollution plastique.

Recycler : une partie de la solution seulement
Vous pensez peut-être que le recyclage représente la solution idéale au problème de pollution plastique. Toutefois, la majorité du plastique qu’on retrouve dans l’environnement de nos jours ne vaut pas la peine d’être recyclé, car il coûte plus cher à recueillir et à transformer qu’il ne rapporte lorsqu’il est vendu. Dans la nature, vous ne trouverez pas de bouteilles de plastique aussi souvent que le reste des déchets plastique, car elles ont une plus grande valeur.
« Dans le cas d’une bouteille de Coca-Cola ou d’une bouteille d’eau en plastique, un plus haut pourcentage peut être recyclé », affirme Jamie Rhodes, directeur de programme chez Upstream. Une meilleure gestion des déchets est importante, mais il s’agit d’une solution à court terme, puisqu’elle ne fait que réduire la quantité de plastique qui existe déjà au lieu d’éliminer la pollution plastique à la source.
Un avenir plus vert
Upstream est un organisme qui envisage une société où les emballages jetables appartiennent au passé et souhaite aider notre environnement et améliorer notre santé par le fait même. Pour atteindre cet objectif, Upstream travaille à changer la manière dont les entreprises livrent leurs produits, une approche unique au problème de la pollution plastique.
« Nous voulons démanteler notre société du jetable et établir une culture de gérance de l’environnement, explique Rhodes. Puisque la pollution plastique ne peut pas être enrayée par des politiques étatiques et municipales, nous voulons influencer des entreprises partout aux États-Unis à prendre des mesures pour empêcher la pollution plastique. »
La responsabilité des entreprises
De nombreuses campagnes ont mis l’accent sur les changements que les consommateurs peuvent adopter, comme transporter une bouteille d’eau ou une tasse réutilisables ou éviter d’utiliser des pailles. Ces mesures sont importantes, mais, tout comme le recyclage, elles ne réduisent pas la quantité de plastique présente sur le marché. Selon Upstream, la responsabilité de diminuer la pollution plastique ne revient pas aux citoyens, mais aux entreprises : ce sont elles qui utilisent les emballages jetables pour livrer leurs biens. Ce sont donc elles qui devraient trouver une solution plus durable et efficace.
« On nous a habitué à nous attendre à ce que nos biens de consommation soient emballés dans du plastique à usage unique. Cela est intentionnel, affirme Rhodes. Si les entreprises sont celles qui ont encouragé notre dépendance au plastique, elles devraient être celles qui nous en libèrent. »
Changer nos habitudes de consommation commence par une prise de décision par rapport aux articles jetables. Par exemple, certains cafés offrent un rabais aux clients qui apportent leur propre tasse pour diminuer la pollution plastique et encourager les clients à utiliser une tasse réutilisable. Dans certaines municipalités en Germany, les cafés doivent offrir des tasses réutilisables en échange d’un petit dépôt. De telles solutions sont souvent simples et évoquent notre façon de faire les choses avant la montée en popularité du plastique jetable.
En tant que consommateurs, nous sommes directement influencés par les pratiques des entreprises que nous fréquentons. Si elles nous encouragent à faire des choix responsables, nous pouvons rapidement nous y habituer. « Cela force les consommateurs à réfléchir lorsqu’ils magasinent et les pousse à prendre une décision informée, déclenchant ainsi une réaction en chaîne, explique Rhodes. Si je suis forcé à prendre une décision, et j’ai tendance à faire le bon choix, la prochaine fois que je suis forcé à prendre une décision similaire, je ferais aussi le bon choix, que ce soit apporter ma tasse dans un café ou transporter ma propre bouteille d’eau réutilisable. »
Changer nos habitudes pour réduire les déchets non récupérables est important, et minimiser les répercussions des déchets une fois jetés est également important. Des entreprises novatrices créent des versions écoresponsables de biens de consommation qui, une fois jetées, ne nuisent pas à l’environnement. Des pailles en papier et des ustensiles compostables sont déjà offerts sur le marché, mais les produits jetables sont loin d’être tous biodégradables.
Exprimez-vous
Réduire vos déchets personnels est génial, mais il s’agit d’une goutte d’eau dans l’océan de la pollution plastique. Nous pouvons opérer des changements plus importants en exprimant notre opinion et en faisant pression sur les entreprises que nous fréquentons à repenser leur manière d’offrir leurs produits. De nos jours, dans notre culture numérique, il est plus facile que jamais de communiquer avec les marques et d’obtenir une réponse.
« Les réseaux sociaux ont démocratisé la communication avec les entreprises. Si je suis insatisfait, je communique avec l’entreprise sur Twitter et le problème est immédiatement résolu, ajoute Rhodes. Exigez des changements! Demandez à obtenir un produit sans emballage plastique. Si assez de gens font de même, les marques envisageront de changer leur manière de faire. »
Maintenant, lorsque vous pensez à une plage, imaginez-la dans un état impeccable, parsemée de coquillage et de bois flottant au lieu de styromousse et de pailles. Grâce aux efforts d’organismes comme Upstream, les consommateurs avertis et les entreprises qui sont ouvertes au changement, nous pouvons faire de cet avenir écoresponsable une réalité. La vision d’Upstream peut sembler utopique, mais, il n’y a pas si longtemps, nous parvenions à fonctionner sans le plastique à usage unique; parfois, il faut retourner vers le passé pour changer l’avenir.