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L’histoire de la fierté

Les révolutionnaires, les briseurs de préjugés et les acteurs du changement

Jusqu’en 1973, être gai était considéré comme une maladie mentale par l’Association américaine de psychiatrie (AAP).

Cela peut nous sembler incroyable aujourd’hui, mais de nombreuses personnes LGBTQ2+ ne pouvaient pas vivre ouvertement sans s’exposer à la discrimination, à la violence et à l’oppression, que ce soit aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Le mouvement de la fierté a fait souffler un vent de changement qui a amélioré la vie de millions de personnes à l’échelle mondiale.

Une époque oppressive

À la suite de la Deuxième Guerre mondiale, une ambiance conservatrice et quelque peu paranoïaque régnait aux États-Unis. À cause du sentiment anticommunistes à la hausse dans le gouvernement et dans la sphère publique, les personnes qu’on percevait comme « mystérieuses » ou « subversives » étaient considérées comme des menaces à la sécurité par le Département d’État, y compris les homosexuels, qualifiés de « peu fiables », et par extension toute la communauté LGBTQ2+. Cette paranoïa a causé une discrimination généralisée envers les personnes queer. Beaucoup d’entre elles ont fait face à l’humiliation publique et à la violence physique, ont perdu leur emploi et ont été incarcérées ou même internées.

Révolutionnaires

La résistance est née lentement, car de nombreux militants avaient peur d’être rejetés et de ruiner leur carrière s’ils exprimaient leurs opinions en public. La psychologue Evelyn Hooker a osé remettre en question le point de vue de l’AAP. Après avoir fait la connaissance d’un étudiant gai et rencontré son cercle d’amis, elle a décidé d’étudier des membres de la communauté LGBTQ2+. Son travail contredisait la théorie de l’AAP selon laquelle l’homosexualité serait une maladie mentale et a ouvert la voie au retrait de l’homosexualité du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’AAP.

Harry Hay, aussi connu sous le nom de « père de la libération gaie », compte aussi parmi les premiers révolutionnaires du mouvement. En 1950, il a fondé The Mattachine Society, l’un des premiers organismes LGBTQ+ américains. Peu après, huit femmes, incluant le couple formé par Del Martin et Phyllis Lyon, ont fondé The Daughters of Bilitis, le premier organisme pour les droits civils et politiques des lesbiennes au pays. One, Inc. était un autre organisme pour les droits des homosexuels de l’époque; fondé en 1952, il publiait le magazine One, l’une des premières publications pro-gaies aux États-Unis.

Accélérons jusqu’en 1966 : la communauté LGBTQ+ déclenche une émeute à la Compton’s Cafeteria pour dénoncer la brutalité policière et la discrimination. Cet événement est aujourd’hui reconnu comme la naissance de l’activisme trans à San Francisco.

Toutefois, c’est en 1969 qu’un événement marquant a bouleversé la société et a enclenché une vague de changements ressentis à grande échelle.

Une parade de la fierté à Hambourg, Allemagne

A pride parade in Hamburg, Germany

Les émeutes de Stonewall

L’émeute

À l’époque, les descentes policières étaient un phénomène courant. Les clients du Stonewall Inn sur Christopher Street, l’un des bars gais les plus populaires à New York à la fin des années 60, y avaient droit environ une fois par moi. Le 28 juin 1969, au petit matin, les clients du Stonewall Inn ont décidé qu’ils en avaient assez de la brutalité policière, de l'homophobie et de la transphobie; ils ont décidé de se défendre.

Selon les témoins présents, après qu’une femme ait été battue et jetée dans un fourgon de police, quelqu’un a lancé une roche aux officiers, suivie par des bouteilles et des sous. De violents incidents s’en sont suivi : les fenêtres et l’intérieur du Stonewall Inn ont été détruits et certains ont même essayé de mettre le feu à l’établissement.

Les répercussions

Les émeutes de Stonewall sont considérées comme l’événement le plus important ayant mené à la naissance du mouvement de libération gaie et à la lutte pour les droits des personnes LGBTQ2+ aux États-Unis. Deux activistes trans ont été extrêmement importantes à l’époque des émeutes et dans le mouvement qui s’en est suivi : Marsha P. Johnson et Sylvia Riviera, militantes pour la libération gaie et les droits des personnes trans. Ayant participé aux émeutes de Stonewall, elles sont toutes deux membres fondatrices du Gay Liberation Front et de la Gay Activists Alliance, deux organismes importants qui ont été fondés peu après les émeutes. Elles ont aussi fondé Street Transvestite Action Revolutionaries, un organisme qui venait en aide aux jeunes drag queens et aux femmes trans racisées.

La Christopher Street Liberation Day a eu lieu le 28 juin 1970, un an après les émeutes. Cet événement est devenu la parade de la fierté, qui a lieu annuellement partout dans le monde. La parade est restée importante au cours des années en tant que démonstration politique pour l’égalité des droits et a joué un rôle important pendant la crise du sida dans les années 80 et 90. Au début des années 90, la parade a commencé à ressembler à l’événement que nous connaissons aujourd’hui : une célébration colorée de la sexualité et de l’individualité, ainsi qu’un mouvement pour la liberté et l’égalité.

Depuis l’époque capitale du Stonewall Inn, au rythme des parades de la fierté défilant avec détermination et plaisir de ville en ville, d’énormes progrès ont été réalisés : Elaine Noble est devenue la première candidate ouvertement homosexuelle élue à une fonction publique en 1974, suivie par Harvey Milk quelques années plus tard (un navire-citerne des Forces navales des États-Unis est maintenant nommé en son honneur). Nous avons fait d’immenses progrès, comme la légalisation du mariage homosexuel aux États-Unis et des avancées dans les droits des personnes LGBTQ2+ partout dans le monde. Toutefois, le chemin vers l’égalité est jonché d’embûches. En 2017, aux États-Unis, on a éliminé certaines mesures de protection en milieu de travail pour les personnes LGBTQ2+ et d’autres droits et mesures visant à les protéger sont actuellement en danger. Il nous reste du travail à faire.

La fierté, aujourd’hui

Le lendemain des célébrations de la fierté, de nombreuses personnes se réveilleront encore remplies de l’excitation des événements de la veille, heureuses d’avoir proclamé leur identité au grand jour. Hélas, tout le monde n’a pas cette chance. D’autres personnes sont forcées de réprimer leur identité de genre ou leur orientation sexuelle au quotidien. Elles ne peuvent vivre ouvertement, au risque d’être rejetées, exilées, emprisonnées ou même tuées.

Malgré les progrès réalisés au cours des décennies précédentes, la communauté LGBTQ2+ est encore régulièrement victime de crimes haineux, en Amérique du Nord comme à l’étranger. Les personnes LGBTQ2+ n’ont encore pas les mêmes droits que les personnes hétérosexuelles et cisgenres. Dans plus de 70 pays au monde, l’homosexualité est encore illégale. Dans ces pays, les personnes LGBTQ2+ de tous âges sont discriminées pour leur identité et ne peuvent vivre ouvertement. Nous devons les soutenir dans leur lutte pour leurs droits. C’est ça, la fierté : des gens qui ont l’audace de lutter pour leur droit d’être eux-mêmes et qui montrent leur soutien à ceux qui n’ont pas encore la liberté de vivre librement. Les festivités de la fierté sont maintenant plus importantes que jamais; il faut célébrer nos réussites, mais réaliser qu’il y a encore beaucoup à faire.

Sans les fondateurs du mouvement et ses partisans, nous n’aurions pas pu accomplir nos réussites actuelles. La fierté continue à inspirer le changement et nous rappelle que les droits de la personne sont des droits qui devraient s’appliquer à tous. De braves activistes ont pris position et créé un mouvement qui a changé d’innombrables vies à l’échelle mondiale, preuve que de petits gestes peuvent avoir de grandes répercussions.