Épisode 5 : le bien-être, c’est pour qui?

Épisode 5 : le bien-être, c’est pour qui?

La culture du bien-être et les oublié.e.s.

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Transcription

Aja Monet 00:04

Bonjour. Je m’appelle Aja Monet. Je suis poétesse de blues surréaliste et organisatrice, et je serai votre hôtesse pour cette émission, The Sound Bath, un balado qui vous est offert par Lush Cosmétiques. Merci beaucoup d’être à l’écoute.

 

Dans notre société, les agressions sexuelles sont beaucoup plus fréquentes que nous le pensons. Nous en avons peur, et nous voulons prétendre qu’elles n’existent pas. Si vous avez été victime d’une agression sexuelle, nous souhaitons vous donner quelques ressources et vous encourager à être responsable de votre propre guérison pour vous outiller et aller chercher l’aide dont vous avez besoin. Vous y avez droit. Nous vous invitons à consulter les notes de l’émission pour trouver des ressources qui pourraient vous être utiles. Ce balado explore la signification du soin et du bien-être personnel, social et environnemental dans la société d’aujourd’hui. Cette émission est conçue pour être écoutée dans le bain. Prenez place et relaxez. À la fin, vous aurez droit à une magnifique méditation sonore. Aujourd’hui, je vais discuter avec ma chère amie Fariha Róisín. Je suis fan de Fariha depuis longtemps, je la suis de très près sur les réseaux sociaux. Je ne sais pas si c’est bien, mais je suppose que nous faisons tou.te.s ça de nos jours. Bref, je suis son travail, et je suis intriguée par les choses qu’elle partage depuis un certain temps. Récemment, j’ai eu le privilège de la rencontrer en personne. Nous visons actuellement une profonde histoire d’amour spirituelle l’une avec l’autre. C’est pourquoi je voulais qu’elle participe à cette conversation, parce qu’elle est une personne avec qui j’ai pu discuter récemment du bien-être, des soins de soi et de la lutte politique que nous menons avec ces termes. L’importance de réfléchir profondément à la façon dont nous pouvons nous soigner et nous montrer sous un meilleur jour. Fariha est géniale. C’est simplement une personne géniale. Je sais que vous allez tou.te.s apprécier cette conversation. Je suis très enthousiaste. J’ai en fait quelque chose de très spécial pour vous. Je vais jouer du kalimba, et qui sait, peut-être que ça vous inspirera. Commençons.


Fariha Róisín 03:36

Merci!


Aja Monet 03:37

Peux-tu te présenter aux auditeur.ices?

 

Fariha Róisín 03:47

Je m’appelle Fariha Róisín. Je suis autrice. Je suis une humaine. Je suis vraiment mauvaise en biographies. Je ne sais pas vraiment quoi dire. Je m’ennuie un peu après avoir dit « autrice », alors je dis : « Oui, j’aime l’astrologie. »

 

Aja Monet 04:06

Je pense que le plus important, c’est la façon dont tu choisis de t’identifier.

 

Fariha Róisín 04:12

Je m’identifie comme une personne poreuse.

 

Aja Monet 04:17

Je me sens comme une être humaine.

 

Fariha Róisín 04:20

Récemment, j’ai réalisé que je suis une autrice écologique. Mon cœur se dirige beaucoup vers la nature.

 

Aja Monet 04:35

Tout d’abord, Fariha et moi vivons une profonde histoire d’amour, que nous n’avons pas encore totalement explorée.

                                                                  

Fariha Róisín 04:49

Je suis si heureuse.

 

Aja Monet 04:51

C’est merveilleux à quel point nous nous aimons profondément et combien nous avons de l’admiration l’une pour l’autre. Je suis tellement enthousiaste que ça aille au-delà de l’espace, du temps et de la proximité physique. Comme j’ai reçu une grande partie de ton énergie et que ton travail résonne avec moi, je suis très heureuse que tu sois ici, notamment à cause de ton nouveau livre que je suis en train de lire. J’ai presque terminé. J’ai l’impression d’écrire en te lisant. Est-ce que cela fait du sens?

 

Fariha Róisín 05:38

C’est merveilleux.


Aja Monet 05:40

C’est vraiment étrange. Récemment, j’ai réfléchi à mon enfance, à ma relation avec ma mère et comment commencer mes mémoires. Le début de ton livre était comme une permission. C’était une permission de le faire, de plonger dans les choses interpersonnelles et profondes, qui ont fait de moi ce que je suis et que j’avais peur de partager par crainte de blesser les personnes que j’aime le plus; j’avais peur de blesser les gens pour avoir dénoncé le mal qu’ils m’avaient fait. Tu comprends? Mais je veux juste commencer par la question : « À qui s’adresse le bien-être? »

 

Fariha Róisín 05:44

Wow. Merci d’avoir partagé ça. C’est un miracle. Je suis si heureuse que mon travail t’apporte cela. C’est un si beau miroir. Je pense que dans le processus de connaissance de l’autre, nous sommes des miroirs l’un.e pour l’autre. C’est une relation vraiment sacrée. Je pense qu’elle n’est pas assez exploitée dans la vie et surtout dans les relations entre femmes ou entre personnes d’identité féminine, car je sens l’animosité avant de sentir l’amour et l’étreinte. C’est vraiment bien d’être accueilli.e et de pouvoir donner cet amour en retour. Mais à qui s’adresse le bien-être? C’est une question tellement importante. Merci aussi d’avoir partagé ce que tu as dit sur ta mère. Tu m’en as parlé un peu. En effet, je pense que pour répondre à ce que tu as dit sur la peur de parler de certaines vérités et de la relation mystérieuse que nous avons avec la vérité. C’est une chose si difficile à analyser quand on écrit un mémoire, surtout quand on écrit sur la violence ou les abus. Bien sûr, il y a toujours deux côtés, et il y a des côtés nécessaires. Dans cette situation, ce n’est même pas le côté de ma mère ou le mien, c’est aussi celui de ma sœur, celui de mon père. Je suis en train de le faire en ce moment même. Lundi, j’ai reçu un appel de l’avocat de la maison d’édition britannique qui publie mon livre, car leurs lois sur la diffamation sont plus strictes qu’aux États-Unis. Techniquement, je diffame ma mère. Elle peut donc me poursuivre en justice si elle le souhaite. Je dois donc prendre toutes les précautions nécessaires, émotionnellement et mentalement, pour me préparer à cette procédure. Je pense, d’une manière détournée, que c’est l’idée du bien-être pour moi. C’est ce qui compte le plus. C’est quelque chose dont on ne parle pas assez dans la société parce que nous sommes tellement dépourvu.e.s de bien-être et de soin réels. Et surtout dans ce pays, l’infrastructure essentielle à la santé est inexistante. Sans elle, et sans les fondations qui nous aident dans la société, les gens souffrent de générations de colonisation et d’esclavage et des répercussions de la guerre civile, de l’abus, du viol, et tous les types de choses violentes que nos ancêtres ont connus. Lorsque vous existez dans un écosystème où il y a de multiples variations et facteurs d’existence, et que vous ne prenez pas tout cela en considération, il ne peut y avoir de bien-être. Dans le processus d’écriture de ce livre, ce qui est devenu le plus clair pour moi dans mon propre cheminement vers le bien-être, c’est que je dois être capable de prendre soin de toutes ces sphères dans ma vie afin d’être bien globalement. Cela est en soi un tel engagement et cheminement ardu. Comment pouvons-nous même prendre cela en considération dans la conversation sur le bien-être? De plus, vous et moi, il s’agit des communautés dans lesquelles nous existons; nous avons une compréhension assez large et étendue de tous les niveaux d’abus; nous sommes dans ces cercles de guérison. Nous sommes conscient.e.s de ce qu’il faut pour faire face à l’abus et comment les mots qui font partie de mon propre lexique, comme la thérapie EMDR ou la thérapie du traumatisme, ne sont pas toujours accessibles aux gens comme nous.

 

Aja Monet 11:06

Je pense que les enfants sont parmi les personnes les plus opprimées et négligées de la société parce qu’iels dépendent entièrement de quelqu’un d’autre pour leur bien-être. Ainsi, même s’iels subissent des préjudices, de la violence ou des abus, on s’attend à ce qu’iels s’en accommodent. Vous avez écrit dans votre livre que, souvent, parce que nous sommes si sensibles à la violence et à la façon dont elle a fait du mal à nous et à nos communautés, nous avons souvent une compréhension beaucoup plus nuancée de la compassion pour les personnes qui nous ont maltraité.e.s. Il y a donc un besoin de dire : « Je ne veux pas criminaliser cette personne, je ne veux pas la diaboliser, cette personne est victime de choses bien plus importantes que le simple fait qu’elle me fasse du mal. » Oui, c’est une partie de leur histoire. Mais il y a quelque chose qui a produit ce genre de comportement. Même si nous n’avons pas de langage pour décrire les abus ou les traumatismes subis, je pense que ce qui m’a le plus choquée, c’est cette loi du silence sur les répercussions de la santé mentale et des abus qu’elle peut causer. Et comment, surtout lorsque les enfants sont impuissants face à ces abus et que les gens n’ont pas les ressources ou les moyens d’assumer la responsabilité de ces enfants, comment nous restons silencieux.euse.s. Ces enfants continuent de subir ce genre d’abus, et je pense que c’est là que la responsabilité de la société entre en jeu. Comment devenir une société qui voit ces enfants sans que la responsabilité revienne seulement aux parents. Je voulais donc vous demander ce que vous avez entendu en termes de conversation sur le bien-être des enfants. À quoi cela ressemble-t-il selon vous?

 

Fariha Róisín 13:00

Pour prendre soin de ces enfants, nous devons les prendre au sérieux en les écoutant et en créant des espaces sécuritaires. J’ai absorbé tant de choses. J’en savais tellement sur le monde à un âge où j’aurais dû être libre. Cependant, je savais ce qu’était le sexe, le désir et ce qu’étaient les seins. Je savais que je connaissais toutes ces choses depuis un très jeune âge. Comment pouvons-nous protéger les enfants et les garder en sécurité? J’en parle dans le livre en pensant aux abus sexuels que j’ai vécus lorsque j’étais enfant, et aussi en pensant au fait que le Bangladesh a l’un des plus hauts taux de trafic sexuel d’enfants. Il y a une sorte de lien clair, si malaisant et si triste. Pourtant, je pense que nous devons avoir des conversations très franches sur le désir. C’est pourquoi je n’ai pas vraiment parlé des enfants dans le livre, car les adultes doivent affronter les choses qui leur sont arrivées pour ne pas les transmettre à la génération suivante. Je pense que c’est en grande partie la raison pour laquelle c’est notre responsabilité en tant que société, car nous avons la capacité de confronter ces blessures et ces secrets. Si nous voulons protéger les enfants et penser à leur bien-être, il faut que les adultes se responsabilisent et règlent leurs traumatismes pour ne pas les transmettre à la prochaine génération.

 

Aja Monet 15:02

L’une des choses que j’ai appréciées en lisant ton livre, c’est lorsque tu dis que nous sommes responsables de notre guérison. Souvent, lorsque nous avons vécu de la violence, nous cherchons une personne à blâmer, ou nous devenons vraiment dépendant.e.s de notre récit de victime. J’ai aimé la façon dont tu as cité June Jordan, où elle dit : « J’ai décidé de ne pas m’appuyer sur la haine, mais d’utiliser ce que j’aime, les mots, pour le bien des gens que j’aime. » Et quand tu as dit « Lorsque j’ai réalisé que personne ne me devait rien, quelque chose a changé. J’ai réalisé que je devais prendre mes responsabilités, que je pouvais me libérer de cette douleur en l’affrontant. » Je pense que c’est crucial en ce moment. Je voulais te demander quels ont été les défis et les joies de ton processus de responsabilisation? Qu’est-ce que les gens peuvent espérer en se responsabilisant dans leur processus de guérison et de bien-être?

 

Fariha Róisín 16:20

C’est une très bonne question. On peut vivre sa vie honnêtement, ce qui est une expérience sublime. Pour moi, la responsabilité était de réaliser que je n’étais pas la personne que je disais être. Je m’énervais à cause de quelque chose que quelqu’un disait, et je passais à ce récit où je me protégeais, où j’étais en colère et où je me disais que cette personne ne savait pas à quel point je faisais des efforts, ou à n’importe quel récit que j’avais ce jour-là. Ce qui est vraiment beau lorsqu’une personne communique ses besoins, c’est que cela devient une relation égale, où les deux parties ont des pistes égales et des désirs égaux, et c’est en fait la fondation d’une relation solide et juste. Ce que j’ai vu, parce que j’ai été dans des espaces d’organisation depuis que je suis adolescente, parce que j’ai été très impliquée, comme vous, dans la justice et la libération. En tant qu’enfant, j’ai toujours été dans la contre-culture, je suis allé aux manifestations contre la guerre en Irak à 13 ans. J’ai vraiment travaillé pour Amnesty et Oxfam de 12 à 17 ans. J’étais tellement impliquée dans le milieu organisationnel quand j’étais enfant, présidente du club de justice sociale de mon école, c’est comme ça que je me suis trouvée et que j’ai découvert un moyen de me battre pour quelqu’un d’autre, même si je ne pouvais pas me battre pour moi-même parce que je ne savais pas encore à quoi ça ressemblait. Je pense que beaucoup de gens qui se lancent dans le milieu organisationnel viennent de là. On se protège. On essaie de se battre pour l’injustice qui nous est arrivée. Beaucoup d’entre nous ne savent même pas pourquoi, et je pense que c’est pour ça que c’est compliqué, parce que l’égo entre en jeu. Je pense que lorsque l’ego rencontre l’humanitarisme, le facteur humain et le facteur spirituel vont toujours entrer en collision. Je pense que nous sommes en quelque sorte à ce moment charnière où l’égo a été arraché. Regardez tous les fronts et mouvements de libération des années 70. Où sont les leaders maintenant? Ils se sont soit conformé.e.s, soit perdu.e.s dans capitalisme ou dans l’ego. Et je pense que j’ai étudié ces fronts de libération parce que mon père est marxiste. Je viens de quatre générations de marxistes socialistes qui ont été impliquées dans la libération politique. J’ai donc cette histoire. Je l’aborde d’un point de vue politique, en tant que personne profondément impliquée aujourd’hui dans des groupes de lutte contre l’injustice et essayant d’apporter, je pense, une conscience globale de la justice. Je ne suis pas Américaine, je ne suis pas aussi investie dans l’Amérique. Je veux que tout le monde trouve la libération, et je pense que nous devons aussi trouver cela en nous-mêmes. Dans les années 70, iels l’ont fait si bien, iels savaient que nous avions tous besoin les un.e.s des autres. La libération de soi est conditionnelle à la libération de l’autre. Je pense que nous nous perdons lorsque pensons que la valeur d’une personne dans un mouvement est relative à son degré de souffrance. Cela devient une question d’ego. Il s’agit de l’aspect superficiel des choses, par opposition à la façon dont nous pouvons faire pour unifier nos forces et briser cette merde. Je suis beaucoup plus intéressée par ça, et je suis bien plus intéressée par l’apprentissage et comment nous pouvons démolir ces systèmes. Je ne veux pas non plus ignorer les conversations très importantes qui doivent être tenues sur nous tou.te.s. Je pense que les deux comptent et que nous devons être conscient.e.s que des expériences différentes causent différents types de violence et d’expérience chez l’être humain. Cela doit être valorisé, mais il faut aussi garder un équilibre.  

 

Aja Monet 21:22

Il y a tellement de choses dans ce que tu as partagé. Il faut une sorte d’infrastructure, une sorte de changement de politique systémique dans la façon dont nous traitons les soins de santé et le bien-être, et c’est pourquoi je suis si heureuse que ce livre, je l’espère, sera un outil et une conversation pour les gens. Quelles sont les demandes que nous faisons maintenant? Y a-t-il de nouvelles demandes pour cette génération, compte tenu de la façon dont le paysage a changé? Et puis, quel est le rôle des médias sociaux en ce moment? Jouent-ils un rôle dans notre bien-être? Comme vous pouvez le constater, beaucoup de choses bénéfiques sont exprimées par les médias sociaux. Pourtant, il y a encore des limites dans les connexions et les façons dont nous envisageons la santé et la guérison, car les médias sociaux nuisent aussi à nos communautés.

 

Fariha Róisín 22:30

Oui, pour répondre à votre première question, il doit y avoir tellement de changements en politique. Une chose à laquelle j’ai beaucoup pensé, c’est que l’Amérique a vraiment besoin de se remettre en question, ce qui est déjà en cours. Le travail a commencé il y a très longtemps. La façade est en train de tomber, et c’est incroyable. Il y a encore tellement de travail à faire. Dans cet état d’effritement, nous devons vraiment examiner des choses comme les budgets de la défense, l’idée de la guerre, et la remise en question de la guerre, surtout maintenant. Comment faisons-nous face à cette réalité? L’idée que tout cela vient d’hommes dans une pièce qui se branlent et qui disent : « Vous savez quoi, nous devons tout contrôler. » Cela vient vraiment de cette envie de dominer. En tant que société, nous devons vraiment nous demander, combien de temps encore nous sommes prêt.e.s à soutenir cette façade de guerre? Si nous n’avions pas de budget pour la guerre, nous aurions un budget pour les soins de santé. Je sais que c’est assez extrême, mais je pense que je fais partie du chapitre sur la décroissance à New York depuis un an et demi, et j’écris toute une section sur la décroissance et son mouvement pour se libérer du capitalisme. Évidemment, il y a de nombreuses façons de le faire, mais c’est vraiment un engagement. Je pense qu’après avoir trouvé quelque chose qui fonctionne pour moi et qui me place dans l’espace de l’écosocialisme, je commence à réaliser que le monde est vraiment ce que l’on en fait. Les lois sont un peu comme ça aussi. Nous pouvons vivre dans une société utopique si les gouvernements sont composés par des gens qui se soucient réellement de la communauté et de la société et qui ne sont pas là seulement pour extraire et prendre les ressources. De nombreuses conversations et une longue guérison doivent se faire collectivement pour que cela se produise. En termes de collectivisme et d’individualisme, je pense que le travail commence toujours au plan individuel. Cependant, je pense que l’idée est de créer un réseau de soutien au fur et à mesure. Ainsi, dans ma propre vie, j’ai commencé par la kinésiologie, l’acupuncture et la thérapie somatique pour commencer à comprendre ce que je ressentais. En tant que personne qui était toujours dissociée, je savais que je devais commencer à revenir dans mon corps, mais je ne savais pas comment le faire. Commencer par le corps avec l’acupuncture et la kinésiologie était un excellent moyen. C’était un engagement. C’était cher, et le bien-être coûte cher. J’en parle dans le livre. Comment chaque personne pourrait-elle avoir accès à l’acupuncture? Je veux dire, le Black Panther Party a essayé de le faire. Dans les années 60 et 70, iels ont apporté l’acupuncture d’Asie en Amérique et essayaient vraiment de trouver des cliniques de santé où tout le monde pourrait accéder à l’acupuncture. Il y a une possibilité infinie et il existe beaucoup de façons dont les gens ont déjà commencé à faire ce genre de travail, mais à cause de la bureaucratie qui s’y oppose, peu de choses peuvent être faites. Nous pensons que les systèmes sont éternels, mais le capitalisme est si jeune, et la machine de guerre américaine est si jeune. Que ferons-nous dans 50 ans quand le monde entier sera en feu? Nous vivons des temps vraiment difficiles au plan écologique. Si nous parlons des plantes, des arbres, de l’eau ou du feu, nous sommes tellement secondaires. Encore une fois, il faut réfléchir à la responsabilité de l’être humain, car nous avons une responsabilité envers les écosystèmes avec lesquels nous partageons cette terre. Nous devons prendre soin d’eux, mais aussi de nous-mêmes. Nous devons aussi combattre notre ego qui dit : « Je mérite des choses. Je mérite de tout avoir. Je mérite qu’Amazon apporte n’importe quoi à ma porte à n’importe quel moment. » Nous devons vraiment nous remettre en question. Qu’est-ce que cela signifie d’avoir du succès? Qu’est-ce que cela signifie d’être bon.ne? Qu’est-ce que cela signifie d’être une personne qui a de la valeur sur cette planète? Si nous pensons à cela, dans l’ensemble, nous pensons au capitalisme, à l’argent et au capital. C’est pourquoi les Kardashian existent, car nous ne valorisons que l’argent. Même si on a l’impression que c’est sans fin, il y a des possibilités majeures, comme, le travail que toi et moi faisons individuellement et continuerons à faire. C’est juste toi et moi. Il y a tant de possibilités différentes dans le monde. Il y a un mouvement global majeur qui se produit à partir de la morosité du globalisme et du capitalisme tardif, quelque chose est en train de changer. Je suis le genre de personne qui a envie de saisir l’occasion et dire : « Faisons-le. Faisons tout tomber. » Nous pouvons vraiment le faire. Je pense que mon travail sur cette planète est de montrer aux gens comment le faire.

 

Aja Monet 28:37

Je relisais un livre de Gayl Jones intitulé The Healing dans lequel j’ai noté la citation suivante : « Il y a des choses qu’une femme chante, et seule une femme en connaît la pleine signification. Vous pouvez chanter pour les hommes comme pour les femmes, mais seule une femme en connaît la pleine signification. Je ne suis pas une féministe. Je pense seulement qu’une femme doit être fidèle à ce qu’elle croit être. Ou à celle qu’elle veut être. Ou à celle qu’elle s’imagine être. Je ne sais pas ce que je veux dire, si je suis moi-même fidèle à tout cela. Je ne pense pas que nous soyons nombreux.euses à être fidèles envers nos possibilités. » Envers quelle possibilité choisissez-vous d’être fidèle ou sur laquelle travaillez-vous en ce moment?

 

Fariha Róisín 29:33

Je veux de belles choses, je veux vivre de belles choses, et je veux avoir une bonne vie. Je le veux tellement. En fait, tout le monde le mérite. C’est peut-être ma vérité. Se battre pour beaucoup plus que le strict minimum. Je me bats pour beaucoup plus et je veux qu’on vive et qu’on profite de la vie. Vivre et recevoir de l’amour. Progresser dans notre vie grâce au courage et à la joie. La meilleure façon dont j’ai été capable de le faire a été de regarder mes blessures, et elles ont été la porte d’entrée pour tout. Je me suis demandé pourquoi j’avais appris à m’en dissocier. Mes blessures ont été une ouverture. Elles étaient une invitation à confronter mes démons. Vivre dans cette vérité et avoir des limites, être capable d’arrêter de parler aux gens, ne plus parler à ma mère, être vraiment capable de me protéger.

 

Aja Monet 30:58

Je comprends tellement. Continue.

 

Fariha Róisín 31:07

Comprendre que notre travail est si important. Il est si important de nous protéger pour pouvoir continuer. Nous ne sommes pas des machines. Personne n’a besoin de compter sur nous si nous ne nous sentons pas capables, ou si nous avons la capacité de faire une pause, de prendre un temps d’arrêt, et de nous occuper de nous-mêmes et de nous soigner. Je veux honorer toutes les parties de moi, même les plus obscures. Lorsque j’ai commencé une thérapie, je disais toujours à mon thérapeute que je ne pouvais pas attendre d’aller mieux. Un jour, elle m’a dit : « Je pense que tu essaies d’être entière. » Et ça a vraiment résonné. Toutes les parties de nous-même comptent. Celles que nous qualifiions d’antipathiques, de laides et de féroces. Celles que nous croyons être parfaites. Celles dont nous avons honte, que nous aimerions ou pourrions changer. Celles que nous aimerions profondément que les autres aiment. Nous avons la capacité de nous aimer pleinement.

 

Aja Monet 32:36

Ma sœur, tu nous as fait réfléchir. Un vers dans l’un de mes poèmes dit « Dans la blessure se trouve un jour meilleur. » Tu as donné un nouveau sens à ce vers. Merci Je veux terminer avec une dernière question : quels sons ou bruits te font-ils sentir bien ou entière?

 

Fariha Róisín 33:13

Les sons des oiseaux et aussi le son du tambour d’un.e chaman.

 

Aja Monet 33:21

Oui, je les entends.

 

Fariha Róisín 33:30

Tellement singuliers. Wow.


Aja Monet 33:32

Oui. Merci tellement.

 

Fariha Róisín 33:35

Merci!

Balado The Sound Bath

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